Atelier 3 - Les NTR et la parenté
Atelier 3.
Les NTR et la
parenté
Responsables : Jean-Hugues Déchaux et Maks Banens
Les nouvelles techniques de reproduction et leurs applications dans le domaine de l’assistance médicale à la procréation interrogent les fondements de la parenté. Est-on à l’aube de nouvelles métamorphoses de la parenté ? Le modèle de parenté euraméricain fondé sur le principe de la bilatéralité exclusive (un seul père, une seule mère) et l’assimilation des parents aux géniteurs est-il encore compatible avec les avancées de l’AMP ? Trois ensembles de questions peuvent être repérés sur lesquels des éclairages sont attendus.
▪ Dans la mesure où maternité et paternité biologiques peuvent être techniquement dissociées entre plusieurs protagonistes, peut-on rester attaché à une conception strictement bilatérale de la parenté ? Quelle place doit occuper le donneur de gamètes ? En tant qu’elle est conditionnée par un accord présumé ou explicite entre les parties (couple, donneurs de gamètes ou d’embryon, gestatrices), l’AMP conduit-elle à une « contractualisation » de la filiation ?
▪ Quel rapport le recours à l’AMP entretient-il avec une vision strictement génétique de la parenté ? La procréation assistée ne risque-t-elle pas de réduire l’engendrement humain à une exigence de filiation biologique à tout prix ? Peut-on imaginer des formes d’hybridation entre ce qui relève de la culture, de l’intention, du projet parental et ce qui renvoie aux « liens du sang », au matériau biogénétique ?
▪ Les discussions relatives au droit d’accès à l’AMP sont vives et posent la question de savoir si l’AMP doit encore être considérée comme une thérapeutique de l’infertilité médicale. La possibilité de fonder une famille est-elle en passe de devenir un droit des couples quels qu’ils soient, voire des individus ? L’irruption de la technique dans la production du vivant conduit-elle à repenser la place de la parenté dans l’enfantement et de l’enfantement dans la parenté ? Les moyens techniques à la disposition des parents accroissent leur pouvoir de décision et leur maîtrise en matière de fécondité. L’aspiration à un enfant de qualité ne risque-t-elle pas de se répandre insensiblement ? Le scénario d’un « eugénisme libéral » doit-il être pris au sérieux ?